Adopter les méthodes de sol vivant pour inverser son bilan carbone

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Cultiver son potager avec les techniques du sol vivant présente de multiples avantages. Ils sont si nombreux que certains d’entre vous auront peut-être d’abord du mal à y croire, puis se demanderont pourquoi, au vu de tant de bienfaits, l’humanité n’a pas décidé plus tôt de changer son modèle agricole…  

Après cet exposé, vous ferez partie de ceux qui savent. Vous ne pourrez plus revenir en arrière. Vous aurez compris que depuis des décennies, nous nous sommes trompés : nous avons dégradé, appauvri, érodé nos sols agricoles, au prix de leur fertilité et de leur biodiversité. Nous avons terrassé des milliards d’individus au sein des populations de bactéries, champignons et de vers de terre en labourant nos champs, en  privant nos plantes de ces compagnons symbiotiques, indispensables à leur bon développement.

ver de terre sur une terre grumeleuse

Les techniques de sol vivant sont promues par des spécialistes des sols comme Claude et Lydia Bourguignon, des ingénieurs agricoles et chercheurs expérimentés comme Konrad Shreiber, Olivier Husson, Marc-André Sélosse… et mises en application depuis quelques décennies par des fermes maraîchères en France (notamment le réseau MSV Normandie). Ces techniques permettent de recréer des sols fertiles, de cultiver la biodiversité et un écosystème équilibré, favorable aux cultures légumières et fruitières. Ces méthodes agricoles permettent même de stocker suffisamment de carbone dans le sol pour compenser l’impact des activités humaines, et préserver l’environnement. Sans aucun intrant chimique, et avec très peu de produits autorisés en agriculture biologique, ces techniques de culture sont 100% naturelles : c’est-à-dire qu’elles laissent faire la vie. Pourquoi se casser le dos à labourer son champ 2 fois par an, alors que le ver de terre peut le faire pour nous, toute l’année, sans jamais prendre un jour de congé ?

Dans le sens où elle nourrit d’abord le sol pour ensuite nourrir la plante, l’agriculture du sol vivant est une agriculture favorable à la vie, sous toutes ses formes. Elle s’applique à déranger le moins possible les écosystèmes complexes qu’elle entretient, en apportant seulement de la matière organique en surface. En ce sens également, l’agriculture du sol vivant est une agriculture du “non-agir”, en relation avec la philosophie de Masanobu Fukuoka, reconnu aujourd’hui comme l’un des pionniers de l’agriculture naturelle et de ce que nos sociétés nomment “permaculture”. Découvrons comment l’appliquer.

Comment inverser son bilan carbone ?

C’est le premier avantage de la culture sur sol vivant : elle est capable de re-stocker du carbone dans les sols, sous une forme organique. En effet, l’une des principales techniques de ces méthodes de culture consiste à apporter à la surface du sol une grande quantité de matière organique brute, à forte tendance carbonée. Par exemple du fumier pailleux, ou encore du broyat de déchets verts, un déchet abondant de nos sociétés. Le bois étant un matériau largement composé de carbone, lors de sa décomposition par les organismes vivants du sol, il engendre la création d’un humus riche en carbone qui est stable dans le temps et fournit une source de nourriture durable. 

Les plantes et, particulièrement, les arbres, sont aujourd’hui le seul moyen efficace, avec les océans, de capter le carbone issu du CO2 de notre atmosphère. L’homme n’a en effet jamais trouvé le moyen de faire aussi bien… Par l’action du processus de photosynthèse, le carbone de l’air est transformé en matière vivante et la plante pousse. Puis, lorsque la plante meurt et est décomposée, ce carbone devient un terreau fertile pour que d’autres végétaux s’implantent. En quelque sorte, la plante crée à ses pieds le terrain propice à l’épanouissement de sa descendance ! C’est ainsi que se forment les sols.

main de Benjamin dans du broyat

Les différentes formes de carbone : de quoi parle-t-on ?

Le dioxyde de carbone (CO2) représente 0,04% de notre atmosphère. Impressionnant de se dire qu’une si petite quantité est responsable en grande partie du cauchemar qui se produit déjà dans nos sociétés, le réchauffement climatique…

Mais impressionnant aussi de réaliser qu’avec si peu, la nature crée la totalité de la vie sur la planète ! De sa forme gazeuse atmosphérique, le carbone est transformé par les plantes en carbone organique (C), en structure et en biomasse, avant de s’en retourner au sol comme source de nourriture pour la biodiversité microscopique et les générations suivantes de végétaux. Le corps humain, toutes nos cellules, mais également tout ce que nous mangeons, est fait de carbone organique. 

Le pétrole aussi est fait de carbone, mais d’un carbone vieux de plusieurs millions d’années, sous une forme réduite : il s’est fossilisé en l’absence d’oxygène. Lorsque nous brûlons du pétrole, ce phénomène d’oxydation intense le fait simplement changer d’état, pour le renvoyer dans l’atmosphère sous sa forme gazeuse. C’est un peu comme ce qui se passe dans nos poumons quand nous respirons…

La magie de la photosynthèse

Grâce au carbone qu’elles captent dans l’air et aux minéraux présents dans le sol, les plantes créent leur biomasse. En captant le carbone, elles libèrent de l’oxygène et constituent une réserve de sucre, les glucides, dont elles ont besoin pour alimenter leur développement. Plus le carbone est présent, plus la photosynthèse est performante et plus la plante pousse. Plus la plante pousse, et plus elle capte du carbone…  

On dit donc que le sol – et par là entendons le couple sol-plante en réalité – constitue un “puits de carbone”. Car les plantes captent le carbone gazeux de l’atmosphère pour le restocker dans les sols, sous une forme qui ne réchauffe pas l’atmosphère. Magique, non ?

L’agriculture sur sol vivant utilise donc des déchets organiques de nos sociétés (le broyat de déchets verts par exemple). Elle s’en sert pour nourrir les micro-organismes du sol, à commencer par les champignons, puis toute les chaînes alimentaires (qu’on appelle aussi “chaînes trophiques”) qui en découlent. Ces micro-organismes, par leur seule présence et leur activité, permettent la création d’un sol fertile : ils y naissent, y respirent, y mangent, s’y déplacent, y défèquent, s’y reproduisent… Et tout cela contribue à mettre à disposition des plantes de la matière organique et des minéraux, dont elles ont besoin pour pousser. 

Si ces déchets verts ne sont pas utilisés sous leur forme brute, nos procédures de traitement des déchets les exposent souvent au compostage, ou pire, au feu… Deux processus qui amènent tout ou partie de leur carbone à retourner dans l’atmosphère à l’état gazeux. Précisément ce que l’on cherche à éviter ! 

Ainsi, en plus de valoriser des déchets, l’agriculture sur sol vivant peut se targuer d’un bilan carbone positif, voire excédentaire, en fonction des quantités de déchets apportées chaque année sur les planches de culture !

contre plongée sur la serre dôme de la Ferme de Cagnolle

L’expérience de la ferme de Cagnolle, en Dordogne

Grâce aux études de sol menées régulièrement sur la ferme, Benoît le maraîcher garde un œil attentif sur la fertilité de ses sols et leur taux de carbone organique. 

En 2010, sur l’une de ses parcelles de maraîchage en agroforesterie nommée “Petite Noyeraie”, l’étude présentait un sol plutôt pauvre, contenant seulement 1,4% de matière organique (MO).
Une hypothèse scientifique communément admise veut que la MO contienne 58% de carbone. 

Par conséquent, sa parcelle “Petite Noyeraie” de 1 hectare environ comptait 31,7 tonnes de carbone, sur ses 30 premiers centimètres (les plus fertiles). 

En 2020, dix ans plus tard, une nouvelle analyse de sol révèle que, grâce aux 450 tonnes de broyats de déchets verts apportés et épandus sur la parcelle, le taux de MO atteint maintenant 8,8%. Soit quasiment 200 tonnes de carbone en tout !

En équivalent CO2 (il faut alors multiplier par 3,66), Benoît a stocké 614 tonnes supplémentaires, soit plus de carbone que les émissions de la déforestation d’un hectare de forêt tropicale (580 T éq. CO2) !

Comment cultiver sur sol vivant ?

Voici tous les conseils à appliquer si vous souhaitez démarrer en sol vivant : 

  • Pratiquer le NON travail du sol
  • Apporter massivement de la MO Brute
  • Semer des couverts végétaux
  • Maintenir un sol toujours couvert
  • Bâcher ou pailler sa culture
  • Favoriser la création du complexe argilo-humique
  • Respecter chaque année la ration du sol
  • Aider les plantes à se nourrir en phase de transition
  • Eviter la levée de dormance des adventices
  • Sélectionner ses variétés et ses graines
  • Eviter le stress pour les plantes
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